L’INATTENDU
FABRICE MELQUIOT
NOTE D’INTENTION
Un mot sur le jeu
L'Inattendu... Liane dans les bayous... Une odyssée à travers les émotions. Un voyage à la reconquête de soi, comme une guerre intérieure pour vaincre le vide, l'absence. Se déconstruire, pour mieux se reconstruire et renaître. Peut-être.
La direction d'acteur travaille les soubresauts d'une femme ivre de douleurs, de souvenirs. Grâce à une économie de gestes et de mouvements, le spectateur se concentre autant sur la force des émotions que sur celle des respirations, comme autant de couleurs. Huit tableaux, huit couleurs, huit émotions ? Pas si simple. Les éclats de voix aux confins de la folie parfois montrent que les méandres du deuil ne sont jamais linéaires.
Le travail sur le regard souligne également la complexité de l'énonciation dans l'œuvre de Melquiot. Le regard qui fait exister l'autre, même improbable, le regard qui fait ressurgir le passé, qui permet d'entremêler le passé et l'avenir dans un présent très incertain, qui diffuse les images mentales de Liane, ses délires, ses fantasmes, pas toujours très clairs, ni pour elle, ni pour le spectateur.
Un mot sur la scénographie
Liane s'asperge de parfums, boit ses émotions, s'enivre du passé.
Enfermée chez elle, face à cette porte qu'elle n'osera plus franchir, Liane n'ose pas affronter le monde extérieur qui l'angoisse autant qu'il l'attire. Un arbre mort sur scène évoque les bayous. Les flacons de verre, viennent y dégouliner, comme des larmes de passé, réels ou fantasmés. Ces flacons remplis de parfum, de sable, de pigment ou de vide surgissent au petit matin et apparaissent comme les stigmates du souvenir, les reliquats poétiques d'une ivresse nocturne qui permet à Liane d'affronter la souffrance du doute et du quotidien.
Cet arbre semble pousser comme le ferait la végétation luxuriante du bayou dans une maison abandonnée. Avec lui, c'est toute la nature qui entre chez elle. Comme le fleuve qu'elle scrute à travers son unique fenêtre. Le fleuve, le lieu de toutes les tragédies, mais aussi le lieu de la rédemption.
Les gestes de Liane ne sont plus qu'une pantomime pour affronter le réel : fredonner une vieille rengaine, coudre à la lueur d'une bougie - d'anniversaire ? Se laver les oreilles comme un rituel de purification, plier le linge encore et encore...
Le monde extérieur sera pourtant la seule issue pour Liane. Partir pour mieux revenir, à soi et aux autres. Mais comme le dit Liane, « pas besoin d'aller loin », alors voyage intérieur ou souvenir d'un périple macabre ? Dans les mots de Liane, la temporalité rejoint souvent la spatialité dans ce quelle a de plus indéterminé. Une chose est sûre, c'est dans l'horreur du monde que Liane va réapprendre à vivre.
Un mot sur les mots
A travers la poésie du texte que Fabrice Melquiot offre à son personnage, le spectateur se reconstruit la relation amoureuse de Liane et son tigre d'homme. Le passé n'est peut-être pas si coloré que les flacons de parfum le laissent entrevoir mais c'est ce passé mystifié que Liane nous dépeint.
Soliloque ? Là aussi le trouble est permis. Liane semble parfois dialoguer avec son absent, à moins qu'elle ne parle à son fantôme, à son fantasme. Le texte joue par sa forme à tromper le lecteur : à qui parle Liane ? Qui dépose ces flacons ? Son homme est-il vraiment mort ? Ce trouble reste omniprésent dans le jeu de la comédienne pour qu'il germe dans l'esprit du public et s'épanouisse jusqu'à la scène finale.
Arnaud BEUNAICHE
PUBLIC CONCERNÉ
DE LA 4ÈME À LA TERMINALE
DURÉE DU SPECTACLE
1h10
BORD DE SCÈNE AVEC L’ARTISTE
40 mn
INTERPRÉTATION
Lucilla SEBASTIANI
MISE EN SCÈNE
Arnaud BEUNAICHE
CRÉATION
En 2014
EXPLOITATION À PARIS
Théâtre Douze
Décembre 2014
PISTES PÉDAGOGIQUES
À TÉLÉCHARGER SUR LE SITE
•L’énonciation : L’Inattendu de Fabrice Melquiot, un monologue polyphonique à la situation d’énonciation complexe
•Le travail du deuil
•Racisme et citoyenneté
TARIF :
890 € jusqu’à 100 élèves
puis 8 € par élève supplémentaire
Bord de scène offert