L’INATTENDU
FABRICE MELQUIOT
PISTES PEDAGOGIQUES PROPOSEES
LE TRAVAIL DU DEUIL
Le mot « deuil » vient du bas-latin « dolus » (« douleur »), par l'ancien français « duel » («douleur », « affliction causée par la mort de quelqu'un »).
D'une manière générale, le deuil permet de surmonter un événement critique de la vie. Perdre quelqu’un de cher ou quelque chose qui était primordial à votre existence peut être une situation écrasante et il en résulte naturellement une grande souffrance.
Même si le processus de deuil est très subjectif, tout le monde tente de faire face au deuil à sa manière.
C’est Sigmund Freud qui a introduit la notion de travail du deuil et l’a traitée dans son ouvrage Deuil et mélancolie. De nombreux professionnels et auteurs ont traité de ces questions.
Parmi eux, nous avons particulièrement remarqué le docteur Elizabeth Kübler-Ross (décédée en 2004), psychologue et spécialiste du comportement. C’est elle qui a présenté les étapes, ou phases du deuil : Déni, Colère, Marchandage, Dépression, Acceptation.
Ce travail de deuil est possible non seulement au niveau de la perte d’un proche, mais il est transposable dans le domaine sentimental,… ou dans le domaine professionnel.
Nous avons aussi trouvé un approfondissement de ce processus d’étape chez le Pasteur Christophe Deville qui a, quant à lui, distingué 7 étapes.
Etape 1 – Le choc : c’est une phase courte. L’annonce d’une rupture, conduisant à un constat, une annonce qui laisse la personne sans émotion apparente.
Le terme de sidération peut tout à fait convenir pour qualifier la réaction de la personne face à l'information transmise. Exemples : « Je te quitte », « C’est fini », « Vous êtes viré ».
Etape 2 – Le déni : c’est le refus de croire l'information. Sont utilisés des arguments et la contestation. Le rejet de l'information fait place à une discussion intérieure et/ou extérieure.
Il ne faut cependant pas croire que la brièveté de cette phase signifie qu’elle n’est pas importante. Certaines personnes s’enferment dans cet état de déni, de refuge (préserver la chambre du disparu intacte, continuer à mettre son assiette à table, etc.)
Exemple : « Ce n'est pas vrai, pas possible, cela ne peut pas arriver, pas maintenant ».
Etape 3 – La colère et le marchandage : c’est la confrontation avec les faits qui va engendrer une attitude de révolte, tournée vers soi et vers les autres. C'est aussi une phase de marchandage qui peut prendre une tournure « magico-religieuse ». On promet à une «entité invisible» de ne plus faire telle ou telle chose si la situation originelle pouvait revenir…
Elle peut s’emporter ou s’enfermer dans le plus grand mutisme. Des pulsions de vengeance peuvent ainsi la pousser à avoir des comportements qu'elle ne comprend pas elle-même.
En fait, la personne est confrontée à l'impossibilité d'un retour à la situation première.
Elle doit faire le deuil, et passe par de nombreuses émotions : reproches, remords, ressentiments, dégoûts, répulsion, séduction ou agression.
Exemple : « C’est de leur faute, ils n’ont jamais rien fait pour moi ».
Etape 4 – La tristesse : c’est un état de désespérance. « Ce n’est pas juste, pourquoi elle m’a fait ça à moi, qu’est ce que je vais devenir » ?
Etape 5 – La résignation : c’est l'abandon de cette lutte au cours de laquelle la personne peut avoir le sentiment d'avoir tout essayé pour revenir à la situation perdue. Elle n'a aucune visibilité de ce qu'elle peut faire. Elle agit au gré des circonstances. Cette résignation peut aussi se composer de rejet. Exemple : « C'est la vie, Dieu est en contrôle ».
Etape 6 – L'acceptation : dans cette étape, la personne accepte la perte de l'être cher ou de son travail. En l'acceptant, elle est capable de garder les beaux moments mais aussi les moins bons. Elle commence à avoir plus confiance en elle, se sent mieux et l'avenir ne semble pas aussi noir qu'avant. Exemple : « J'y pense encore parfois, mais je m'en sors ».
Etape 7 – La reconstruction : l’acceptation seule ne suffit pas. Il faut reconstruire progressivement. La personne en deuil prend conscience qu'elle est en train de se réorganiser pour répondre aux obligations liées à toute vie en société. Se reconstruire amène à mieux se connaître, à découvrir ses ressources personnelles et à prendre conscience de son existence. Cette démarche développe la confiance en soi-même.
Le sentiment de vulnérabilité fait place à une nouvelle énergie.
Nous avons aussi trouvé une autre déclinaison, un autre approfondissement du travail d’Elizabeth Kübler-Ross qui trace ce travail de deuil en deux étapes : la descente puis la remontée, sous forme d’un schéma.
S’ajoutent des notions à la démarche du Pasteur Deville :
La peur : Peur pour soi ou peur pour les autres, peur ponctuelle ou angoisse globale. Le monde apparaît comme une source de dangers insurmontables.
Ici apparaît le problème de nature concrète : matériel, mobilité, argent…voire même de négociation et de marchandage. « Qu’est-ce que je vais devenir ? », «Comment vais-je faire face ? ».
Le pardon : Pardon à soi-même, renoncer à l’illusion de la toute puissance, ne plus se laisser envahir par la culpabilité. Puis, vient le pardon aux auteurs de la perte.
La quête du sens et du renouveau correspond à la reconstruction qui aboutit à la sérénité.
Elisabeth Kübler-Ross ajoute : « Chaque deuil relève d’une étape singulière ».
Alors, utilisant ces étapes, nous avons réussi en grande partie à visiter les flacons de couleur de Liane. Fabrice Melquiot s’est-il initié à ces processus ? Il nous en manquait un.
Sans prétendre à aucune démarche scientifique, il nous fallait compléter. Néanmoins, chaque flacon peut effectivement évoquer plusieurs de ces étapes. Connaître ces dernières a permis tant à Arnaud Beunaiche, dans sa direction d’acteur, qu’à Lucilla Sebastiani, dans son ressenti de comédienne, d’accompagner Liane et de la pousser dans ses retranchements. Belles découvertes, très belles…
Le choc Noir
Le déni Bleu de Prusse
Le déni doux Rouge de Saturne
La colère et le marchandage Vert Bouteille
La tristesse Rouge Sang
La résignation Jaune Sable
L’acceptation Terre de Sienne
La reconstruction Blanc
Mais pouvions-nous nous contenter de coller à cette démarche scientifique ?
Ne nous fallait-il pas travailler le sens du deuil ?
Nous nous sommes tournés vers William Berton, thérapeute des couleurs.
« Vous voilà rendu à la fin d’un cycle. Vous l’appréhendiez, maintenant vous y êtes.
Les peurs qui hantent votre vie vous seront présentées comme des lampions dans la nuit.
La peur montre ce que nous avons à regarder au sortir d’un schéma obsessionnel.
Une fois que nous l’avons identifiée, elle disparaît. » (William Berton – La Couleur Energie)
Il n'y a pas vraiment de couleur pour la mort car on peut considérer que chaque couleur correspond à un deuil à faire.
Dans L’Inattendu, Liane fait une visite dans sa vie. Elle visite tous les deuils qu'elle a à faire.
Toutes les couleurs sont des deuils à faire.
Mais qu’est-ce qu’un deuil ? C'est une acceptation.
Celle-ci peut se dire autrement : c'est un non refus.
C'est de l'ordre de « Je ne refuse pas qu’il y ait çà à lâcher ».
Parce que, naturellement, un deuil ne peut pas se faire.
On imagine qu'une couleur évoque un centre d'intérêt dont il faut faire le deuil.
On peut choisir la couleur par rapport au deuil qui est à faire.
On peut faire le deuil de l'amour pour pouvoir ensuite refaire la chose autrement.
Avec cette logique-là, tous les flacons sont possibles.
C'est comme s'il fallait mettre à mort une façon d'être pour en faire émerger une autre.
Il faut arriver à faire le deuil de la « version matière des couleurs », c’est-à-dire de la manière dont nous percevons le monde avec nos yeux d’humain.
C'est le deuil d'une vision du monde à partir de moi. Du Moi. C'est le Soi qui voit les choses, ce n'est pas le Moi. Le deuil à faire, c'est celui de « On m’a fait ça à moi » pour aller au Soi ; c'est-à-dire entrer dans une vision du monde beaucoup plus large.
« Ce n’est pas à moi que c'est arrivé ; cela s'est passé ».
« Il s'est passé ceci » et non pas « On m’a fait ceci ».
Alors on devient témoin de quelque chose qui s'est passé. Ce quelque chose ne doit pas obligatoirement faire mal. Cela peut-être vu comme étant « J'ai assisté à ça ». « On n’a pas fait ça à moi, j’étais là quand ça s'est passé. J’ai cru que c'était à moi. Mais ce n'était pas à moi ». Cela nous montre que le vrai deuil à faire, c'est celui du « moi je ».
C’est alors que toutes les couleurs peuvent être passées en revue.
Et cela nous montre que le deuil est une nécessité.
C’est un bien.
Entretien avec William Berton, thérapeute
William Berton se consacre depuis 32 ans à la relation d’entraide pour soulager ses patients.
Il y a 30 ans, au cours d’une de ses consultations, il perçoit une couleur sur une zone du corps d’un de ses patients ; phénomène qui se renouvelle et s’intensifie. Progressivement, il étudie, cas par cas, la correspondance possible de chaque région du corps, de la couleur et du type de comportement qui leur correspondent.
Pour lui, dire à haute voix le sens de la couleur perçue déclenche une prise de conscience et le mieux-être recherché, clefs pour une meilleure compréhension de la vie. Aujourd’hui, il propose un enseignement approfondi sur l’utilisation des couleurs dans les domaines artistique, psychopédagogique et spirituel.
PUBLIC CONCERNÉ
DE LA 4ÈME À LA TERMINALE
DURÉE DU SPECTACLE
1h10
BORD DE SCÈNE AVEC L’ARTISTE
40 mn
INTERPRÉTATION
Lucilla SEBASTIANI
MISE EN SCÈNE
Arnaud BEUNAICHE
CRÉATION
En 2014
EXPLOITATION À PARIS
Théâtre Douze
Décembre 2014
PISTES PÉDAGOGIQUES
À TÉLÉCHARGER SUR LE SITE
•L’énonciation : L’Inattendu de Fabrice Melquiot, un monologue polyphonique à la situation d’énonciation complexe
•Le travail du deuil
•Racisme et citoyenneté
TARIF :
890 € jusqu’à 100 élèves
puis 8 € par élève supplémentaire
Bord de scène offert